Artiste plasticienne multicasquettes, Eol, alias Eléonore Dumas, expose ses fleurs de plastique minutieusement photographiées depuis près de dix ans. Quand elle n’est pas occupée à peaufiner ses propres projets photographiques, elle enseigne à la Faculté des arts ou initie les Alsaciens au fascinant monde de l’art…
Danseuse ? Algue ? Méduse ? Etoffe ondoyante figée sur un fond immaculé ? Les photographies d’Eol, issues de sa série « Artifices », intriguent. « Il s’agit uniquement de plastique, patiemment collecté et assemblé de façon à former une fleur à différents stades de développement : éclosion, maturité, altération », explique Eléonore Dumas, l’œil qui pétille derrière ses lunettes sombres. À l’origine de ces délicats pétales et pistils, explosions de couleur verte, violette ou rose, des sacs : des filets de légumes, des gaines électriques… Autant de matériaux plus prompts à finir à la poubelle que sous le flash d’un appareil photo. « Justement, je cherche à les sublimer avec ce travail, commencé en 2010. » Une démarche « éminemment écologique », tient à affirmer d’emblée Eléonore Dumas. Mais n’y a-t-il pas un paradoxe à sublimer ces déchets, surproductions de notre société de consommation ? « Non, car en les mettant ainsi en valeur, je montre qu’on peut les valoriser, leur donner une nouvelle vie, à la manière des polaires issues de bouteilles ou des sacs de maïs, créés pour trouver une solution biodégradable au tout plastique. » Sa série « Alimenterre », faite de planètes de fruits pourris, porte en creux la même idée, celle d’un monde exploité à outrance où s’accumulent les rebuts dont on se détourne.
« Entre mythe et onirisme »
Patchwork d’installations, de projets photographiques et de performances, le travail d’Eléonore Dumas se situe à la croisée des arts plastiques et de la photographie. Une « interprétation poétique du monde entre mythe et onirisme », selon ses mots, peuplée de créatures végétales et animales, gorgones, peuple luminescent des abysses, reine des glaces ouatée, elfe des bois... Pour donner vie à ce monde sorti de son imaginaire, où la nature joue bien plus que le rôle d’un décor, Eléonore collectionne des matériaux divers et variés. « Je les stocke dans mon atelier de Bischwiller. En ce moment, on m’apporte beaucoup de bandes magnétiques de cassettes vidéos ! »